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  • Pierre THILLOY
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Pierre THILLOY

Pierre Thilloy, musicien du monde Il aime à se dire « Messin d’adoption ». En effet, s’il n’est pas né en Moselle mais à Beauvais (Oise), le compositeur Pierre Thilloy est très attaché à la ville de Metz où il a connu ses premiers succès. C’est le chef d’orchestre canadien Jacques Lacombe, alors directeur de la Philharmonie de Lorraine, qui, le premier, lui a fait confiance et lui a commandé plusieurs œuvres. Dont la symphonie L’Arche d’alliance qui vaudra au jeune compositeur d’être lauréat en 2001 de la prestigieuse Fondation Rockefeller à New York. « C’est alors, explique Pierre Thilloy, que j’ai franchi le pas et ai décidé de vivre de ma musique. » Et ils ne sont pas si nombreux en France, les compositeurs de musique savante qui peuvent vivre de leurs œuvres, autrement dit des commandes que leur passent des institutions musicales. De la Lorraine à l’Asie centrale C’est donc par attachement à la ville de Metz qu’il a tenu à ce que son premier grand opéra y soit créé. En mars 2011, l’Opéra-Théâtre affichera donc Le Jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet, d’après la pièce de théâtre de Bernard-Marie Koltès (né à Metz, comme l’on sait). Avec ce nouvel avatar du drame de Shakespeare, Pierre Thilloy rivalisera-t-il avec le plus célèbre compositeur messin, Ambroise Thomas, qui composa un Hamlet en 1868 ? Réponse en mars prochain ! Mais revenons sur l’itinéraire peu banal de ce compositeur à peine quadragénaire. Après des années d’enfance passées à Paris, c’est au conservatoire de Nancy qu’il entame ses études musicales, avant de se perfectionner au conservatoire de Luxembourg puis, en Autriche, au célèbre Mozarteum de Salzbourg. Vient ensuite le temps de l’immersion dans les cultures du monde. L’Afrique d’abord (occidentale et Maghreb). Puis, l’Asie centrale qui va permettre à Pierre Thilloy de s’immerger profondément dans les traditions culturelles des pays où il va vivre. En Azerbaïdjan d’abord, où l’ambassade de France à Bakou l’invite en résidence de 2003 à 2005. Puis, au cours des deux années suivantes, en Ouzbékistan, où il étudie à loisir la vie musicale dans des lieux aussi mythiques que Samarcande ou Boukhara. En attendant la troisième grande étape de son périple, l’Inde, où il se rendra en décembre prochain. Cette confrontation à des cultures musicales différentes des nôtres nourrit son œuvre, comme en témoigne par exemple Eaux désertiques, une pièce pour violon et violoncelle qui a été créée à Paris la saison dernière. Une œuvre âpre et rugueuse qui évoque à merveille les déserts proches de Samarcande qui l’ont inspirée. Un compositeur prolifique C’est d’ailleurs une des caractéristiques les plus frappantes de la musique de Pierre Thilloy : cette puissance d’inspiration qui vient du fond de l’âme et qui lui donne son authenticité. Il suffisait pour s’en convaincre d’écouter à côté du Centre Georges-Pompidou de Metz, la création en plein air de son oratorio Mosella. Devant quelque 4 000 personnes, cet ode à la rivière Moselle a manifestement touché le public, impressionné par le déploiement de 350 musiciens – instrumentistes et chanteurs – mais plus encore par le souffle épique de la partition. Ce coup de maître n’était cependant pas un coup d’essai. Le catalogue officiel du compositeur est bien fourni, qui compte aujourd’hui 180 œuvres, parmi lesquelles huit symphonies (il ne lui en manque plus qu’une pour égaler Beethoven ou Bruckner !), une trentaine de concertos, vingt poèmes symphoniques, des messes, des oratorios, de la musique de chambre… On le voit, il touche à pratiquement tous les genres, et même à la musique d’accompagnement pour des films muets. Ainsi, Le Fantôme de l’Opéra, film de Rupert Julian (1925), a été projeté à Bordeaux en mai dernier, accompagné par l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine qui interprétait la musique composée pour la circonstance par Pierre Thilloy. Philippe Thanh www.pierrethilloy.com